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Tourisme et terrorisme

Nous sommes le 13 mai 2018. Honnêtement, je traîne les pieds en allant travailler. Hier, le 12 mai, il y a eu un attentat à côté de l'Opéra, en plein centre touristique de Paris. Heureusement qu'il n'y a pas eu beaucoup de victimes: un mort et quatre blessés, mais ça reste triste et choquant.

De mon travail dans l'hôtellerie j'ai gardé un très mauvais souvenir des jours qui suivaient les attentats: appels des clients anxieux, l'obligation de rassurer ceux qui sont déjà sur place, ambiance angoissante et surtout - surtout! - des annulations qui tombent comme des feuilles mortes en automne.

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Aujourd'hui je m'attends à la même chose. A chaque appel téléphonique je me dis: "ça y est, ça commence!". Sauf que le temps passe, et personne ne nous parle des attentats. Finalement, une agence biélorusse nous passe un coup de fil: ma collègue de Minsk me demande si tout est calme à Paris et, quand je réponds par l’affirmative, elle dit: "oui-oui, c'est ce que je pensais".

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Et là ... je ne peux pas m'empêcher de penser au nombre considérable d'annulations auxquelles nous avons dû faire face le lendemain de ... la manifestation du 1er mai à Paris!

Il est vrai que la presse, surtout étrangère, n'a parlé à cette occasion que des débordements des casseurs en marge de la manifestation. 

Je suis bien placée par savoir, parce que je suis toujours curieuse de voir comment les événements en France sont relatés par les articles dans la presse russe. Déjà le 1 mai au soir tous les titres parlaient d'émeutes, révoltes, heurts avec la police ... on se serait cru le 14 juillet 1789!

Et c'est vrai que les photos que la presse publiait faisaient peur: ça faisait penser à un pays en pleine guerre civile:

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Mais je ne raconte pas cette histoire pour dénoncer - pour la énième fois - le pouvoir démesuré des médias sur l'imaginaire des gens et, en conséquence, sur leur comportement. Tout cela est déjà devenu un lieu commun.

Ce qui m'a beaucoup plus interpellée - c'est le fait de voir que nous prenons l'habitude des attentats. Cette année l'agence Lord Travel a fait face à beaucoup plus d'annulations à la suite de la grève SNCF, la grève Air France et les incidents en marge de la manifestation du 1 mai, qu'à cause des attentats.

Qu'on le veuille ou pas, la menace terroriste commence à faire partie de notre vie à même titre que les accidents de la route. D'un côté, la société ne cède pas à la panique, et c'est une bonne chose. D'un autre côté, quand un phénomène anormal par nature commence à être perçu comme habituel - je me sens envahie d'une grande tristesse.

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